Niji-iro
Chasseuse Mikomi
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Date d'inscription : 26/08/2010
Age : 30
Fiche du loup
Fiche du loup:
 |  Sujet: Pour la Mémoire d'un être cher. (PV Akimitsu) Lun 30 Aoû - 20:56 | |
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Pour la Mémoire d'un être cher.
PV Niji-iro & Akimitsu
« Et le combat cessa faute de combattants. »
Pierre Corneille — Le Cid. Le jour se levait tout doucement. La nuit s'en allait à pas de loup, chassée par son éclatant amant qui paraissait à l'horizon, dans sa robe de feu : le soleil. Ce soleil qui, tel un phénix, semblait renaître chaque matin, après avoir laissé son royaume à la lune le temps de quelques heures nocturnes. Qu'elle était belle, la lune, qui brillait encore dans le ciel rose pâle de l'aube. Qu'elle semblait douce et fraîche, avec sa traîne d'étoiles, telle une reine. Niji-iro sourit. Elle avait toujours aimé le ciel. Le ciel et ses deux seigneurs. Les yeux du monde. Mais celui qu'elle préférait, c'était cet oeil à demi fermé, cet éclat de mystère, qui veillait discrètement sur le monde endormi. Ainsi, le jour se levait tout doucement, teintant la terre de tons doux et chaux, donnant au ciel un air de fête, tandis que les premiers oiseaux chantaient déjà sur leur branche. Tout comme ce jour-là... La louve décrocha son regard ambré des nuages où il se perdait pour le poser délicatement le sol. Là, la terre tassée, retournée, conservait comme des cicatrices les traces de la bataille. Quelques jours auparavant, dans cette même atmosphère de calme et de joie sereine, la violence avait déchiré le silence de son cri de haine. Niji-iro conservait ce souvenir dans son esprit, mais également dans son corps. Ses côtes la faisaient encore souffrir, lorsqu'elle respirait trop fort, et quelques plaies la piquaient lorsqu'elle roulait dans la poussière, se grattant le dos contre le sol. Mais elle s'en remettrait vite, contrairement à son adversaire. Elle s'était battue comme un diable contre un petit idiot qui avait osé salir la mémoire de son frère. Hebi. Le serpent. Ah ! il portait bien son nom, celui-là. Un jeune loup sûr de lui et prétentieux, tout à fait insupportable. Heureusement que son fichu caractère l'avait poussé à l'indépendance et qu'il avait fini par quitter la meute, car Ni-o n'aurait jamais pu le considérer comme l'un des siens. Elle avait le vif souvenir d'avoir souri de jubilation en sentant ses crocs déchirer la chair de son adversaire. Son corps en tremblait encore. La scène se rejouait dans sa mémoire, avec un réalisme si troublant que ses muscles étaient tendus, prêts à la propulser sur son adversaire. Tout allait vite, on ne réfléchissait plus. Tout n'était plus qu'instincts enfouis qui ressurgissaient. La guerre avait le fabuleux don de changer les êtres, de faire ressortir une part d'eux qu'ils ne connaissent pas toujours. Cris, peur, rage, sang. Odeur du sang qui coule. Goût du sang versé. Toucher du sang qui colle le poil. Bruit du sang qui bat dans les tympans, atténuant le formidable hurlement de la terre que l'on piétine, que l'on griffe, que l'on égorge. S'arrachant de l'étouffant chaos qui courait dans sa têche comme un cheval au galop, la Mikomi considéra le paysage autour d'elle. Elle s'était battue pour ce calme. Elle avait trahi la terre, leur terre à tous, pour ne pas trahir la mémoire d'un être cher. Elle s'était laissée entraînée par le rythme du combat et avait fait couler le sang. Cette fois, elle avait bien cru qu'elle finirait par le tuer. Mais, heureusement, il avait trouvé, malgré ses blessures, assez de lâcheté pour s'enfuir, sifflant de colère, crachant son venin, tout à fait pathétique. Cela valait mieux ; il ne valait pas la peine qu'elle entache son honneur par son meurtre. Parfois, elle s'interrogeait. Il était souvent arrivé à Ni-o de se demander s'il était sain de se battre pour un souvenir. Mais à chaque fois, le sourire suffisant de cet impertinent lui faisait voir rouge, alors même qu'il s'amusait du mal qu'il causait.
Avec un petit soupir étouffé, la gracieuse chasseuse vint s'accroupir au bord du lac et lapa quelques grogées d'eau de sa langue rugueuse. Contrairement à ce à quoi elle s'attendait, l'eau était fraîche et bonne. Elle semblait ne porter ni douleur, ni amertume. Ainsi, elle désaltèrerait les plantes et nettoierait les blessures du sol. Ainsi, et comme toujours, la nature, patiente, se relèverait sans rancoeur, posant sur ses bourreaux l'oeil doux et tendre d'une mère. La femelle sourit, quelques gouttes coulant de son menton, en ressentant dans sa chair l'amour et le pardon. Elle devait aller au bout de ses convictions. La vérité, le monde, n'étaient pas les mêmes pour tous. Chacun avait sa réalité, aussi vrai que chacun possède des principes et des émotions qui lui sont propres. Si la terre pense à tous, parce qu'ils forment sa réalité, les loups ne pensent qu'à eux, car ce n'est que leur existence propre qui fait leur monde. Ainsi, Niji-iro avançait-elle dans la vie. Ainsi pouvait-elle garder le menton haut, le coeur pur, malgré les erreurs qu'elle a commises. |
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